La santé mentale au Burundi demeure une question négligée, malgré l'ampleur des troubles psychologiques dans la population. Des études récentes révèlent que près de 40 % des Burundais présentent des signes de difficultés mentales.
Pourquoi la santé mentale est-elle aussi importante que la santé physique ?
Une bonne santé mentale permet de faire face aux difficultés de la vie, maintenir des relations saines, avoir une bonne estime de soi, prendre des décisions équilibrées, se sentir épanoui dans ses activités.
Lorsque notre santé mentale est fragilisée, cela peut affecter notre concentration, notre motivation, notre sommeil, notre appétit et même notre santé physique.
Les facteurs qui influencent la santé mentale
La santé mentale peut être influencée par :
- Le stress : qu’il soit lié au travail, aux études ou à des événements personnels.
- Les relations : des liens sociaux solides sont un facteur de protection important.
- L’environnement : un cadre de vie sûr, stable et encourageant favorise le bien-être.
- Les antécédents familiaux : certaines maladies mentales peuvent avoir une composante génétique.
- Le mode de vie : sommeil, alimentation, activité physique jouent un rôle important.
Briser les tabous
Parler de santé mentale reste parfois difficile à cause des préjugés. Plus particulièrement au Burundi où avoir des difficultés mentales équivaut à “être fou”. Pourtant, il est essentiel de normaliser ces discussions. Se sentir mal ne signifie pas être « faible » ou « fou » — cela fait simplement partie de l’expérience humaine.
Demander de l’aide est un signe de force. Que ce soit auprès d’un proche, d’un médecin, d’un psychologue ou d’un service d’écoute, il existe des ressources pour chacun.
Comment prendre soin de sa santé mentale ?
Voici quelques gestes simples qui peuvent faire une vraie différence :
- Dormir suffisamment
- Avoir une activité physique régulière
- S’entourer de personnes positives
- Prendre du temps pour soi
- Pratiquer la pleine conscience ou la méditation
- Parler de ce qu’on ressent, sans honte
Défis majeurs
1. Stigmatisation et méconnaissance : La santé mentale est souvent perçue à travers des croyances culturelles, telles que la sorcellerie ou les malédictions. Cette vision conduit à la stigmatisation des personnes atteintes de troubles mentaux, qui sont parfois cachées ou maltraitées au sein de leur famille. De plus, le suicide est un sujet tabou, souvent attribué à des causes surnaturelles plutôt qu'à des problèmes de santé mentale.
2. Accès limité aux traitements : Les médicaments psychotropes sont coûteux et souvent indisponibles dans les pharmacies locales. Bien que la Centrale d'Achats des Médicaments Essentiels du Burundi (CAMEBU) ait commencé à commander ces médicaments, leur coût reste un obstacle majeur pour de nombreux patients.
Réalités préoccupantes
Entre 2015 et 2017, plus de 22 000 cas de troubles mentaux ont été enregistrés dans les trois principaux centres psychiatriques du pays. Les principaux facteurs contributifs incluent la pauvreté, le chômage, les violences sexuelles, les crises sociopolitiques, la perte de proches et la consommation de substances psychoactives.
De plus, plus de 6 % de la population enquêtée a déclaré avoir sérieusement envisagé le suicide, et 4 % auraient tenté de se suicider.
Perspectives d'amélioration
L’amélioration de la santé mentale au Burundi repose sur la mobilisation coordonnée de plusieurs acteurs clés tels que le Centre Neuropsychiatrique de Kamenge (CNPK), la Plateforme des intervenants en Psychosocial et en Santé Mentale (PPSM), ainsi que diverses Organisations membres et partenaires œuvrant dans le secteur de la santé mentale.
Ces structures œuvrent pour renforcer l’accès aux soins, former le personnel de santé, sensibiliser les communautés et intégrer la santé mentale dans les soins de santé primaires. Le développement de services de proximité et le plaidoyer pour une meilleure reconnaissance des troubles mentaux sont également des leviers essentiels pour répondre aux besoins croissants de la population.
Conclusion
La santé mentale, c’est l’affaire de tous. Il est temps de lui accorder autant d’attention que la santé physique. En prendre soin, c’est prendre soin de soi, mais aussi des autres. Ensemble, rendons ce sujet plus visible et plus accepté.